Le trésor de ZokoHastra

Hanna Kokolo

  • U+00C8-000

    Lettre maj. latine E accent grave

  • LA PLANÈTE CRAME ON VA CRAMER DESSUS

    Graffiti

  • s.n.

    Feutre, 7 × 5 cm

  • Saint-Germain-lès-Arpajon

    s.d.

«Le trésor de ZokoHastra»

Commissaire: Valentina Ulisse

«À l’heure où le monde entier est au bord de l’effondrement, Hanna Kokolo, scientifique devenue ermite pour fuir la corruption, vit et travaille dans son bunker. […] Elle met au point des technologies novatrices qu’elle propose à des investisseur·euses, en vain… À l’ère de l’an 3000, le pessimisme est l’actif principal du liquide alimentant les veines de l’humanité. Chaque progrès est annulé, entraînant automatiquement un retour en arrière. Un jour, Hanna Kokolo se réveille au milieu de sa bibliothèque, […] le visage collé à une page de livre… Zarathustra, de Jean Varenne… Ce livre dépeint la vie d’un mage que l’on a longtemps exclu de l’histoire du monde. Elle en parcourt les pages et continue ses lectures sur le sujet. Au bout d’une semaine de recherches intensives, elle prend une décision : «Je serai mon propre Zoroastre. Moi, Hanna Kokolo, deviens ZokoHastra, l’hybridation d’Astrée, vierge céleste de la mythologie grecque, et de Zoroastre, fondateur du mazdéisme. Je serai la réinvention de ce que l’on a considéré comme faible et dépendant. Je serai la réincarnation du visage secret de l’auteur d’une doctrine occulte mais visionnaire, comme un astrologue, un mage et un alchimiste capable de transmuer le présent et l’avenir…». Hanna Kokolo finit de programmer sa machine à voyager dans le temps et commence sa mission… une marche à travers les âges, les temps et les mentalités, se faisant la porteuse d’une nouvelle doctrine.»

Dans «Le trésor de ZokoHastra» une Hanna Kokolo du futur revient dans notre époque, pour sauver l’humanité contemporaine de ses méandres et la mettre en garde vis-à-vis de l’effondrement du monde. Elle devient «ZokoHastra», une nouvelle prophétesse. Pour la création de cet oracle, l’artiste s’est intéressée à deux figures d’ermites. Astrée, fille de Zeus et personnification de la Justice, est la dernière des immortel·les à vivre parmi les humains pendant l’Âge d’or, époque de paix. À l’Âge de fer, quand l’humanité devient corrompue, elle quitte la Terre pour rejoindre le Ciel, formant la constellation de la Vierge. Zoroastre, quant à lui, est une figure de l’occultisme—un ensemble de pratiques touchant aux secrets de la nature. Avec ses commentaires et ses hymnes sur la moralité des humains, il est écarté de la société car sa «science des mages» se rapproche trop de l’hérésie.

Les quêtes de ces deux personnages inspirent le voyage de ZokoHastra, annonciatrice de la «fin du monde». L’artiste évoque à ce propos l’explication que le philosophe Norman Ajari donne de l’«afropessimisme». Selon cette pensée, dans les conditions actuelles et dans des nations à majorité blanche construites sur des siècles de racisme et d’exploitation coloniale, une réelle égalité et libération pour les personnes racialisées ne pourra se réaliser qu’à travers la «fin du monde», c’est-à-dire un changement radical du système existant.

Ce nouveau chapitre de l’autofiction d’Hanna Kokolo se déroule tout au long d’une résidence de recherche et de co-création sur le territoire de Cœur d’Essonne Agglomération. L’artiste rencontre des groupes d’âges différents—des élèves de classe primaire, des adolescent·es ainsi que des seniors—afin de réfléchir avec elleux aux diverses significations de l’idée de «fin du monde»: la déconstruction d’une réalité connue et la reconstruction d’une nouvelle; l’effondrement comme renouveau; l’utopie d’un monde d’après. Au fur et à mesure de cette quête, l’histoire de l’errance de ZokoHastra prend forme, ainsi que ses prophéties. Les échanges et les moments de création collective donnent vie à une archive faite d’objets, de récits et d’images. Ces témoignages imaginent le destin de la Terre, qu’elle soit sauvée ou perdue.

 

Après une formation en histoire de l’art à l’Université de Rome La Sapienza et à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Valentina Ulisse intègre le Master 2 professionnel «L’art contemporain et son exposition» à Sorbonne Université et co-fonde le collectif curatorial espace projectif. Parallèlement à ses études, elle se forme aux métiers de l’exposition grâce à des stages au Centre Pompidou, au CAC Brétigny et à Council, entre autres. Aujourd’hui, Valentina Ulisse poursuit ses réflexions à travers ses diverses activités dans l’organisation de projets artistiques, dans l’écriture et dans la médiation. Elle assiste la galeriste Aline Vidal avec qui elle organise «De(s)rives», projet curatorial qui expérimente avec le format d’exposition en dehors des contextes artistiques traditionnels. Valentina Ulisse s’intéresse aux économies de l’art, aux systèmes alternatifs de production et de diffusion et aux pratiques artistiques co-créatives en lien avec la pédagogie et les savoirs populaires.

Hanna Kokolo (née en 1997) vit et travaille à Paris. Après avoir étudié les arts appliqués, elle est diplômée de l’École nationale supérieure d’art de Bourges (ENSA) en 2021. Son travail pluridisciplinaire explore la question de la mémoire intergénérationnelle à travers des personnages qu’elle incarne et met en scène dans des autofictions. Ses œuvres sont notamment exposées au 66ème salon de Montrouge en 2022 et à l’occasion d’une exposition personnelle à la Graineterie de Houilles en 2023.