Projet

Conçu en forme de passage, entre une médiathèque et un théâtre, le CAC Brétigny est plus que poreux à son environnement. De la création d’œuvres in situ permettant d’habiter le lieu à l’implication de groupes d’amateur·rices, le CAC Brétigny a toujours affirmé sa singularité par une attention particulière à celles et ceux qui le peuplent et le construisent.

Le CAC Brétigny développe ainsi une structure et une programmation qui font des artistes et des publics de véritables usager·ères. La programmation artistique, structurée par Céline Poulin, inclut toute l’activité du centre d’art, de la communication à la production en passant par la médiation. Le CAC Brétigny s’en retrouve fonctionner comme un espace collectif, chaque invité·e, chaque partenaire et chaque membre de l’équipe participant activement à l’identité du projet. Pour la chaîne vidéo d’expérimentation «Pillow Programme», l’équipe du centre d’art a ainsi invité certain·es des artistes qui peuplent son quotidien, partagent et accompagnent son activité artistique. En 2022, le commissariat de «Nid» est également collectif, impliquant l'ensemble des personnes travaillant au centre d'art. S’écrivent dans cette exposition les expérimentations de l’Ǝcole, projet co-créé par l’équipe du centre d’art et différent·es usager·ères, artistes, théoricien·nes, enseignant·es, etc. Le CAC Brétigny est en effet innervé par les théories de l’éducation populaire et de la co-création, qui font se rencontrer pratique amateur et professionnelle, activité pédagogique et artistique. Ainsi, Coline Sunier & Charles Mazé, en résidence de création et de recherche graphique, proposent pour le CAC Brétigny une identité évolutive, en constante co-construction. Un projet qui incarne le CAC Brétigny qui, comme tout lieu de vie, est mouvant et pluriel.

 

Saison hors les murs 2023-2024

En 2023-2024, le CAC Brétigny, fermé pour des travaux de rénovation, propose une programmation hors les murs. Pour cette saison de transition, le centre d’art se transforme en vaisseau culturel qui accompagne les artistes et commissaires invité·es dans le développement de narrations ancrées dans le territoire. Le décollage du vaisseau et ses escales sont cartographiées par Coline Sunier & Charles Mazé, en résidence de création et de recherche graphique depuis 2016. Les signes présents sur les supports de communication de la saison hors les murs sont collectés sur les itinéraires qui relient le bâtiment du CAC aux différents lieux où se déploie la programmation. Tou·tes deux continuent ainsi d’accompagner les mouvements du centre d’art.

Ce voyage à la rencontre des habitant·es des différentes communes voisines participe d’une période de transformation du CAC, qui redessine sa programmation aussi bien géographiquement que temporellement. Deux cycles d’expositions et de résidences, conçus par les commissaires associé·es Valentina Ulisse et Thomas Maestro, font alterner recherche, co-création et expositions dans des lieux bâtis à différentes époques. Les artistes, tels les personnages d’une saga fantasy, voyagent entre les espaces et les temps. Résidences, expositions, performances, ateliers… iels interviennent sous différentes formes au fil des chapitres de la saison, se faisant les messager·ères d’un monde passé à réinventer, les interprètes de présents multiples, les conteur·euses de futurs possibles à imaginer collectivement.

Cette itinérance est aussi une occasion d'approfondir les usages existants du CAC Brétigny, historiquement attaché au lien avec le territoire qui l’entoure. L’équipe, qui arpentait déjà les villes de Cœur d’Essonne Agglomération aux côtés des artistes en résidence, poursuit cette année ses explorations en adaptant les propositions de rencontres avec les publics. Parmi elles, le projet «Transmissions», qui invite chaque année des jeunes à donner voix à leurs rencontres avec les œuvres, se transforme en émissaire annonçant et préparant avec les habitant·es l’arrivée d’une exposition dans leur ville. Les projets artistiques portés par le centre d’art sont marqués par une sensibilité à la proximité. Ils émergent dans un étrange mélange des temps et des espaces que traverse l’équipage: commissaires, artistes, publics embarquent avec nous pour un voyage sur le territoire et au-delà.

Dans de nombreux films et romans de science-fiction, le vaisseau est central: il dérive dans la galaxie à la recherche d’une planète habitable, devient lui-même une société où se rejouent rapports de pouvoir et de domination, solidarités collectives et organisation du vivre ensemble. Ce qu’il figure, c’est le visage du changement et de la transition: un état entre deux, à la fois rattaché au passé car il vient de quelque part, créateur de son propre présent et tendu vers un futur à découvrir ensemble. Ce contexte imaginaire est très proche de notre réalité actuelle, d’un monde en transition écologique et politique dans lequel l’ordre mondial et technologique se trouve bouleversé.

Ce postulat fictif résonne également avec la situation actuelle du CAC Brétigny. La capitaine voguant à présent vers d’autres horizons, le navire est piloté collectivement, ce qui met en mouvement les usages de l’équipe. L’ensemble des missions était, dans le cadre du projet pensé par Céline Poulin pour le CAC, inclus dans la programmation artistique. Les personnes qui se chargent au quotidien de la médiation, de la production ou encore de la communication sont aujourd’hui amenées à repenser leur organisation collective. L’équipe se surprend ainsi à imbriquer ses différentes fonctions, à investir d’autant plus les espaces de discussion, à collaborer en rendant mouvants les métiers de chacune afin que toutes puissent participer à la vision d’ensemble du projet. Les réflexions partagées au sein de l’Ǝcole, espace d’expérimentation collective rassemblant des usager·ères d’horizons variés, imprègnent ces modes de travail commun. En 2023-2024, une artiste est invitée à proposer une articulation entre le faire et le collectif, au travers de rendez-vous réguliers ouverts à tou·tes mêlant création plastique collaborative et conversation.

Avec cette saison hors les murs, les ancrages géographiques comme le rythme du centre d’art se transforment. Ces mouvements sont aussi ceux du faire collectif, au sein et au-delà de l’institution, avec les membres de l’équipe, les commissaires associé·es, les artistes invité·es et les publics. Ursula K. Le Guin, écrivaine de science-fiction et de fantasy, écrit que «L’imagination, comme toute chose vivante, vit maintenant, et elle vit avec, sur, par le changement. À l’instar de tout ce qu’on fait et tout ce qu’on possède, on peut la coopter, la dégrader; mais elle se relèvera toujours d’une exploitation commerciale et didactique, comme la terre demeure malgré les empires qu’elle porte[1].» Peut-être en est-il de même de la pratique collective. Il s’agirait alors de lui accorder du temps et de l’espace pour lui permettre de se relever du passé, pour la mettre en mouvement au présent et l’imaginer au futur.

L'équipe du CAC Brétigny
Milène Denécheau, Elisa Klein, Coraline Perrin et Marie Plagnol

[1] Ursula K. Le Guin, «Avant-propos des Contes de Terremer», dans Terremer (édition intégrale), Le Livre de Poche, 2018, p. 1039.

 

Archives des saisons précédentes dans la partie Historique.

 

Le CAC Brétigny est un établissement culturel de Cœur d’Essonne Agglomération. Labellisé Centre d'art contemporain d'intérêt national, il bénéficie du soutien du Ministère de la Culture—DRAC Île-de-France, de la Région Île-de-France et du Conseil départemental de l’Essonne, avec la complicité de la Ville de Brétigny-sur-Orge. Il est membre des réseaux DCA, TRAM et BLA!.

 

Équipe

Céline Poulin
Directrice (2016-2023)

Céline Poulin est directrice du CAC Brétigny entre juin 2016 et avril 2023. Son projet pour le centre d’art, comme ses programmes et expositions précédents, témoignent d’une attention particulière à la réception, ainsi qu’aux dispositifs de collaboration, d’information et de communication. Dans cette optique, elle y a notamment invité en résidence les graphistes Charles Mazé & Coline Sunier,  mené les expositions collectives «Vocales» et «Desk Set», ainsi que les premières expositions personnelles en France de Liz Magic Laser, Núria Güell et dernièrement la première monographie en institution de Sara Sadik. Avant de débuter son activité de commissaire indépendante en 2004, elle a été responsable du service jeunesse de BD BOUM, festival de bandes dessinées affilié à la Ligue de l'enseignement, réseau national d'éducation populaire. Elle a également travaillé en institution au Parc Saint Léger (Pougues-les-Eaux) ou au Crédac (Ivry-sur-Seine). Céline Poulin a co-dirigé de 2015 à 2018, avec Marie Preston et en collaboration avec Stéphanie Airaud, le séminaire itinérant «Héritages et modalités des pratiques artistiques de co-création». Ce travail s’est inscrit dans la continuité de Micro-Séminaire (2013), où elle théorise les pratiques curatoriales hors des espaces dédiés, et a donné lieu à l’édition Co-Création, publiée par Empire et le CAC Brétigny. En 2021, le CAC Brétigny et Tombolo Presses publient Inventer l’école, penser la co-création de Marie Preston, dont elle assure la direction éditoriale avec l’artiste. Céline Poulin est membre co-fondatrice du collectif de recherche curatoriale le Bureau/, à l’origine d’une dizaine d’expositions en France et à l’international. Elle est également membre de l’IKT.

Elisa Klein
Responsable de production

Titulaire du Master Critique-Essais—Écriture de l’art contemporain de l’Université de Strasbourg, Elisa Klein s’est formée à la coordination d’expositions et à l’écriture critique dans l’art contemporain. Elle a travaillé en tant que chargée de production au Frac Île-de-France, à la Gaîté Lyrique et au sein de Fabbula, agence culturelle dédiée à l’idée de faire monde avec le virtuel en compagnie d’artistes et de penseur·euses. Parallèlement à son activité de productrice, elle développe une activité curatoriale au sein du collectif Chimère avec qui elle organise des expositions et des projets éditoriaux transdisciplinaires et multi-supports.

Marie Plagnol
Responsable communication et médiation

Après des études pluridisciplinaires, entre philosophie, politiques culturelles et histoire de l’art à Sciences Po, Sorbonne Université et Panthéon-Sorbonne, Marie Plagnol se tourne vers la curation. Elle développe une pratique curatoriale ancrée dans une réflexion sur les liens à tisser entre artistes, institutions et publics. Elle s’intéresse ainsi à la notion d’amitié dans sa dimension politique, comme outil pour repenser nos réseaux et manières de faire commun. Membre du collectif Champs magnétiques, elle mène les cycle d’expositions «Des soleils encore verts» (2021) et «Le réseau des murmures» (2023-2024). Marie Plagnol cherche à établir des collaborations sur le temps long avec les artistes et travaille notamment depuis plusieurs années avec Céline Pierre. Leur travail commun se poursuit aujourd’hui autour de la publication Les cahiers Skênê (2022). Au fil de son parcours, elle a notamment travaillé au MAC VAL, chez Para Site à Hong Kong ou encore au sein de Council.

Milène Denécheau
Régisseuse-médiatrice

Titulaire d’une Licence d’arts plastiques et d’un Master Régie des Œuvres et Montage d’Exposition, Milène Denécheau se forme au métier de régisseur au Frac Bretagne et à la Galerie Danysz. En parallèle elle développe sa pratique de la médiation au sein de l’association art-exprim spécialisée en création et diffusion d’art contemporain.

Coraline Perrin 
Médiatrice Théâtre et CAC Brétigny

Coraline Perrin est titulaire d’un double master en Architecture intérieure et Scénographie d’exposition à L’École Supérieure d’Arts et Techniques de Paris (ESAT). Habitante de l’Essonne, elle s’intéresse aux relations entre les friches industrielles, la Seine et son ancrage dans le territoire de la ville de Corbeil-Essonnes pour son diplôme d’architecture intérieure. En scénographie d’exposition, elle affirme sa volonté de prendre en compte la place des visiteur·euses, ce qui l’amène à s’ouvrir aux liens avec les publics en se formant à la médiation culturelle. Après un service civique en communication et médiation au CAC Brétigny, elle intègre en tant que médiatrice culturelle les équipes du Théâtre et du CAC Brétigny.

Danaé Leroy (stage)
Assistante commissariat et production

Doualot Léana (service civique)
Assistante médiation et communication

Collaborateur·ices régulier·ères

Anne-Charlotte Michaut
Co-directrice éditoriale de la Revue 

Après des études littéraires, Anne-Charlotte Michaut se dirige vers la recherche en histoire de l’art contemporain (École du Louvre et Université Paris I). Elle développe aujourd’hui une activité de critique d’art, notamment pour L’Œil et Manifesto XXI. 

Julien Jassaud
Régie et conseil technique

Julien Jassaud est artiste et programmeur. Passé par l’ESTP, il se forme à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et à l’Institut Avancé d’Art Média et de Sciences (IAMAS) au Japon. En tant que programmeur et technicien, il a collaboré avec de nombreux artistes tels que Christophe Lemaitre pour le CNEAI et le Confort moderne, Aurélien Mole pour Passerelle Centre d’art contemporain, Marlies Pöschl pour le CAC Brétigny, Fayçale Baghriche pour la MAGCP et Mercedes Azpilicueta pour CentroCentro à Madrid, Museion à Bolzano (Italie) et le CAC Brétigny.

Romain Best
Montage et construction
Louis Chaumier
Scénographie Hors les murs
Guillaume Rannou
Relecteur

Guillaume Rannou a fait du théâtre de rue, de salle aussi, co-créé le collectif Bracer, auto-publié êtreaujapon, blogue littéraire japonais, œuvré à la Commission des mots de la CIP-IdF, inventé des spectacles (J’ai !, un essai sur le rugby ; La Vérité en pointure, à partir d’un texte de Derrida ; Nous sommes tous, performance généalogique). Il forme avec David Poullard un collectif qui travaille sur l’ordinaire de la langue (livres, affiches, performances, etc.) Il corrige: il adore vérifier tout, proposer parfois autre chose, et être parmi les premiers et premières à lire des textes.

Annie-Rose Harrison-Dunn
Traductrice 

Annie-Rose Harrison-Dunn est traductrice et journaliste indépendante. Elle traduit pour des institutions publiques d’art et de recherche. Ses écrits se concentrent sur la production alimentaire en tant que sujet d'intérêt commun. Elle est née à Derby, en Angleterre, en 1990 et vit en France depuis 2012.

Thomas Maestro et Valentina Ulisse
Commissaires associé·es pour la saison HLM

Après un parcours en école d’art (ESADHaR Le Havre et Rouen), Thomas Maestro a choisi d’ouvrir sa pratique artistique à une dimension curatoriale. Il s’est formé dans le cadre d’un master de commissariat d’exposition (Sorbonne Université) et fait partie du collectif Champs magnétiques. Avec ce groupe, il co-construit les cycles d’expositions «Des soleils encore verts» (2021) et «Le réseau des murmures» (2023-2024). Il a également été curateur associé et chargé de projets au Cneai (Centre National Édition Art Image), puis assistant artistique et de commissariat auprès de Daniel Purroy à Vitry-sur-Seine (artiste et ancien directeur artistique de la Galerie Municipale Jean-Collet). Il est également membre du duo artistique et curatorial Éléments partout, cofondé en 2020 avec sa collaboratrice Agathe Schneider. Il s’intéresse aux secrets, aux décalages du réel, aux ruines et aux cabanes, à ce qui est peu visible mais bien présent. La transmission est au cœur de ses envies, en tant que vecteur de mouvements collectifs.

Après une formation en histoire de l’art à l’Université de Rome La Sapienza et à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Valentina Ulisse intègre le Master 2 professionnel «L’art contemporain et son exposition» à Sorbonne Université et co-fonde le collectif curatorial espace projectif. Parallèlement à ses études, elle se forme aux métiers de l’exposition grâce à des stages au Centre Pompidou, au CAC Brétigny et à Council, entre autres. Aujourd’hui, Valentina Ulisse poursuit ses réflexions à travers ses diverses activités dans l’organisation de projets artistiques, dans l’écriture et dans la médiation. Elle assiste la galeriste Aline Vidal avec qui elle organise «De(s)rives», projet curatorial qui expérimente avec le format d’exposition en dehors des contextes artistiques traditionnels. Valentina Ulisse s’intéresse aux économies de l’art, aux systèmes alternatifs de production et de diffusion et aux pratiques artistiques co-créatives en lien avec la pédagogie et les savoirs populaires.

Équipe d’accueil
Loïc Hornecker, Yasmine Kicha, Lucien Thomas-Parcot

Pôle administratif 

  • Directrice: Sophie Mugnier
  • Administrateur: Cyril Waravka 
  • Administratrice adjointe: Céline Semence-Rodriguez
  • Assistante administrative et comptable: Marion Eveno
  • Aide comptable: Nadine Monfermé
  • Technicien de maintenance: Rachid Boubekeur

 

Ancien·es membres de l’équipe ayant participé·es au projet depuis 2016: Valentine Brémaud (stage), Cathy Crochemar (stage), Camille Duval (stage), Céline Gatel (service civique), Mathieu Gillot (régisseur-médiateur), Domitille Guilé (service civique), Ariane Guyon (stage), Julie Kremer (médiatrice), Thibault Lambert (responsable production), Léa Lecourt (médiatrice), Elena Lespes Muñoz (responsable communication et médiation), Camille Martin (responsable production), Raheleh Nasiran (stage), Manon Prigent (chargée de la communication et de la médiation), Valentina Ulisse (stage), Juliette Valenti (stage) Suheyla Yasar (stage), Anna Pericchi (service civique), Rebecca Theagene (stage) et Jun Zhang (stage), Tanguy Wagino (service civique).

Documents