Perceptions

  • U+0050-001

    Lettre maj. latine P

  • P

    Typographie

  • CAC Brétigny

    740 × 557 units

  • BALI.otf

    2017

«Perceptions»
Projet de co-création autour des usages et de l'accessibilité du site internet du CAC Brétigny

Avec Nicolas Faubert et Mona Young-eun Kim, en co-création avec les jeunes, enseignantes et éducatrices de l’IME Jean-Paul d’Evry-Courcouronnes et du service jeunesse de La Norville.
Commissariat: Marie Plagnol et Ostensible (Lucie Camous & No Anger)

C'est dans l'engagement du CAC Brétigny pour l’accessibilité de tou·tes à ses espaces d’expositions comme aux ressources proposées en ligne que ce projet prend racine. Imprégné par les théories de l’éducation populaire et de la co-création, le centre d’art est à l'origine d'un projet de co-création en mixité entre personnes voyant·es, mal voyant·es et aveugles. Il leur a été proposé de se saisir des données du site internet, des informations pratiques aux textes théoriques, afin d’imaginer ensemble de nouveaux usages pour cet espace dématérialisé du centre d’art. Leur création intègre la collection d’œuvres in situ du CAC Brétigny, pensée historiquement pour accompagner la pratique des espaces tangibles et intangibles du centre d’art par ses usager·ères.

Le projet est mené avec un artiste concerné, dont la pratique parle du handicap et de validisme, ce système d’oppression qui fonde la hiérarchie symbolique entre les personnes valides et les personnes  handicapées. Il propose ainsi de comprendre l’expérience du handicap comme pouvant ouvrir des possibles créatifs, offrir des alternatives aux perceptions et imaginaires dominants. Comme l’écrit No Anger:

«Pourquoi le handicap ne serait-il pas aussi source de divers possibles? Je vis mon corps handicapé d’une tout autre manière que les corps valides, j’expérimente d’autres représentations de mon corps et je crée d’une autre façon[1]». 

La pratique de Nicolas Faubert, collective et pédagogique, est ouverte à une diversité de médiums et de personnes. Venu de la danse, l’artiste travaille collectivement pour construire des formes hybrides, imaginer d'autres langages corporels et visuels. Comme il l’écrit: «son handicap lui [a] permis de développer d’autres façons de percevoir le mouvement et l’espace», qu’il partage pour encourager chacun·e à développer un vocabulaire artistique personnel. Nicolas Faubert a travaillé avec Mona Young-eun Kim, qui s’empare dans son travail de signes et d’informations visuelles, notamment des codes de la signalétique publique. Elle les déforme et détourne pour en faire des pièces participatives qui offrent au public la liberté de réinterpréter et de s’approprier ces moyens de communication pour créer d’autres modes de connexion. Différents sens et les perceptions singulières de chacun·e des participant·es ont été convoqué·es pour s’approprier les contenus et usages du site internet et les partager en ligne. Elles et ils ont exploré avec les artistes la traduction des différents langages écrits et visuels en mouvements, en sons ou en textures. Ces différentes matières sont retranscrites dans une œuvre numérique, accessible en ligne à tous les publics du centre d’art, ainsi que dans une installation interactive présentée au Frac Île-de-France.

Au-delà de la notion même d’accessibilité, le projet est sous-tendu par le désir d’établir une réelle mixité. La réponse apportée par les artistes se trouve notamment dans leur volonté de rassembler lors d’ateliers de co-création des participant·es concerné·es et non concerné·es par le handicap visuel. Cette démarche déploie ainsi les outils de la co-création, pour proposer aux participant·es de faire acte commun de réflexion et de création. Les recherches de l’artiste Marie Preston, qui infuse les méthodologies de travail du CAC Brétigny, résonne encore une fois avec ce projet:

«Pour s’inventer en tant que collectif, chaque groupe doit décider de gestes instituants spécifiques à son fonctionnement. Cela suppose que des «artifices», des «institutions» soient mis en œuvre. L’artifice «tente de faire fuir les agencements qui, dans une situation donnée, bloquent, enferment les capacités d’agir.» Il consiste à inventer de nouvelles habitudes et à croire en leur potentiel effet transformateur. Il nous oblige à des «décalages» et à réfléchir à ce qui semble «naturel»[2]».

Ici, il a fallu mettre en place des «artifices», des protocoles de collaboration qui permettent l’horizontalité entre les co-créateur·rices. Chacun de leur mode de perception, de leurs expériences singulières et des vocabulaires artistiques qu’elles et ils ont développés aux côtés des artistes participent ainsi d’une création collective et d’une démarche commune de sensibilisation aux enjeux d’accessibilité à l’échelle du centre d’art comme de notre société.
 

[1] No Anger, «L’invisibilisation des artistes handicapé-e-s», texte de la conférence du 6 novembre 2021 à l’Hôtel de Ville de Grenoble, dans le cadre du débat «Validisme, intersectionnalité, lutte pour les droits».

[2] Extrait du livre de Marie Preston, Inventer l’école, penser la co-création, dir. Marie Preston & Céline Poulin, éditions Tombolo Presses et CAC Brétigny, 2021.

 

Ce projet s'inscrit dans le cadre du Contrat d'Éducation Artistique et Culturelle (CTEAC) de Coeur d'Essonne Agglomération avec la DRAC Île-de-France et l'Académie de Versailles. Il a bénéficié du soutien du fonds d’accessibilité du Ministère de la Culture—DRAC Île-de-France. L’installation Tempo Rubato de Nicolas Faubert et Mona Youg-eun Kim est présentée au titre de la collaboration du CAC Brétigny et du Frac Île-de-France dans le cadre du programme territorial «Vieilles coques & jeunes récifs» proposé par le Frac pour l’Olympiade culturelle et du projet «Perceptions» mené par le CAC Brétigny.


Nicolas Faubert naît en 1991 à Libreville au Gabon. Handicapé visuel à plus de 80 %, il détonne dans les salles de break en dansant debout, à cause de la fragilité de ses yeux. Il cherche à toujours davantage abattre les barrières entre disciplines (danse, arts plastiques, chant, photographie) et les barrières sociales. Il est choisi par l'artiste Laure Prouvost pour son projet reçu au Pavillon Français de la Biennale d’art contemporain de Venise 2019. Après une résidence de deux ans à la Cité internationale des arts de Paris, il choisit d’ouvrir sa pratique à de nouveaux médiums. Fort d’une méthodologie de pédagogie acquise au long de sa pratique de l’enseignement, ainsi que d’une constante envie, héritée de la culture hip-hop, de transmettre ses connaissances; sa recherche le pousse à proposer de nouvelles manières de retranscrire l’art sans limite de médiums. Il est actuellement résident à la Fondation Fiminco.

Née en février 1988 en Corée du Sud, Mona Young-eun Kim est une artiste plasticienne vivant en France. Après avoir obtenu une double licence (2012) en philosophie et en cinéma à l’Université Dongguk à Seoul, puis le DNSEP (2018) à l’École supérieure des Beaux-arts de Montpellier (ESBA-MO.CO), Mona Young-eun Kim développe un travail autour des questions d’épistémologie de la subjectivité. À cheval entre représentation du conscient et du subconscient, la pratique de Mona Young-eun Kim est dystopique, satirique et surréaliste. Elle utilise souvent la réalité virtuelle pour reproduire de façon réaliste l’espace environnant et le modifier. 

Directement concerné·es, Lucie Camous et No Anger déploient au sein du duo Ostensible une approche originale qui mêle commissariat d’exposition et recherche pour questionner le regard porté sur les handicaps.  Ostensible est un outil de production et de transmission de savoirs, à travers une programmation pluridisciplinaire.

Marie Plagnol développe une pratique curatoriale ancrée dans une réflexion sur les liens à tisser entre artistes, institutions et public. Elle s’intéresse à la notion d’amitié dans sa dimension politique, comme outil pour repenser nos réseaux et manières de faire commun. Après des études pluridisciplinaires, entre philosophie, politiques culturelles et histoire de l'art, elle a travaillé dans différentes structures et contextes : au centre d’art Para Site à Hong Kong, au sein de Council ou encore à la Collection Lambert en Avignon. Elle est aujourd’hui responsable communication et médiation au CAC Brétigny. Dans ce cadre, elle est la commissaire de différents projets de co-création et la co-directrice éditoriale de la Revue. Membre du collectif Champs magnétiques, elle mène actuellement le cycle d’expositions «Le réseau des murmures» (2023-2024), qui fait suite à «Des soleils encore verts» (2021). 

Agenda

  • Du samedi 16 mars au dimanche 21 juillet 2024

    «Perceptions»

    Collaboration avec le Frac Île-de-France

    L’installation Tempo Rubato de Nicolas Faubert et Mona Youg-eun Kim, co-créée avec les jeunes, enseignantes et éducatrices de l’IME Jean-Paul d’Evry-Courcouronnes et du service jeunesse de La Norville dans le cadre du projet  «Perceptions» mené par le CAC Brétigny,  est présentée au Frac Île-de-France dans le cadre du programme territorial «Vieilles coques & jeunes récifs» proposé par le Frac pour l’Olympiade culturelle. 

    Exposition «Vieilles coques & jeunes récifs»du 16.03 au 21.07.24 aux Réserves, Romainville. Entrée libre, du mercredi au samedi de 14h à 19h.