Modalités des pratiques de co-création: l'oralité

Jeudi 10 novembre 2016, 15h30-17h30

Session #2: Camille Louis, à la Villa Vassilieff

  • U+1F5EB-001

    Trois phylactères

  • ⊂ QUE VAS-T'ON FAIRE DE TOUS CES JOUETS…?! ⊃ ⊂ D'AUTRES EN ONT BESOIN… ⊃ ⊂ ON NE VA PAS LES GARDER POUR NOUS! ⊃ ⊂ ? ⊃

    Illustration

  • C. Anguera

    Impression noire, 3,6 × 5,3 cm

  • Brétigny Aujourd'hui, №13, p. 13

    01.1986

Développant depuis plusieurs années une pratique dramaturgique à la frontière de plusieurs territoires (entre philosophie et engagement politique; entre conférence, performance, dispositif conversationnel et installation sonore…), Camille Louis nous présentera comment, dans son travail et tout particulièrement dans celui qu’elle mène avec le collectif kom.post (dont elle est, avec Laurie Bellanca, la co-créatrice) une attention particulière est donnée au spectateur-contributeur. Partant du constat que bon nombre de dispositifs dits «participatifs» consistent bien souvent à attribuer des «parts» identifiées à des fonctions et des capacités, son travail tente plutôt de suivre la ligne de la désidentification et de la recomposition de subjectivités et de commun, à partir des pratiques distinctes qui, ensemble, font «l’expérience artistique». On nomme «expérience» ce qui se compose au croisement des hétérogènes (Spinoza, Deleuze); ce qui se tisse le long des articulations entre celui qui voit, qui agit en voyant ou qui voit en agissant. La dramaturgie expérimentale consisterait-elle donc à mettre en place des espaces, au croisement de la proposition et de la réception artistiques, au sein desquelles peut se percevoir autrement ce que l’on nomme action? En leur sens premier, «drama» signifie «action» et «ergon» création. La drama-turgie qui s’invente en un temps dit de «crise de l’action» et de «fin de la politique» peut-elle trouver dans les dispositifs expérimentaux la possibilité de rouvrir ce qui, entre nous et en nous, continue d’agir et d’inscrire des recompositions politiques à partir de la redistribution des capacités et des fonctions?

Ouvrir de tels questionnements consiste déjà à ouvrir une conversation et à ouvrir ce que l’on entend par conversation. Ni un dialogue, ni une dispute, ni un discours partagé, la conversation avance en renversant (sens de conversare). Elle retourne la distribution des corps et des espaces pour, le long des voix partagées donner une «corporalité» (nom d’un des projets de kom.post qui sera évoqué) à ce qui se construit dans «l’entre» d’un échange comme d’une expérience.

De tout ceci, et dans la collaboration de l’intervenante avec les étudiants et autres présents, nous converserons.

Née en 1984, Camille Louis est à la fois artiste dramaturge, co-initiatrice du collectif international kom.post (composé de chercheurs, artistes et activistes) et docteure en philosophie, enseignant dans les Universités de Paris 7 et Paris 8. Ses recherches se situent au croisement de l’art et de la politique et elles s’incarnent dans des propositions dramaturgiques de types divers qui visent, toujours, à modifier les conditions de perception de ce que l’on nomme « action » (drama). Cette exigence circule des nombreux articles et essais qu’elle a publiés en France principalement, aux conférences performatives présentées dans de multiples universités ou festivals internationaux, en passant par différents dispositifs artistiques montrés dans de prestigieux festivals à travers le monde. Les travaux artistiques de Camille Louis ont notamment été montrés au festival d’Avignon, festival TanzImAugust de Berlin, Biennale de Moscou, festival MIR d’Athenes, Idance à Istanbul, Festival International de Buenos Aires et, pour l’année 2017, festival Experimenta Sur de Bogota. Pour la saison 2016-2017, elle est dramaturge associée de la Maison du spectacle vivant, La Bellone à Bruxelles et elle vit et travaille entre Athènes, Bruxelles et la Colombie.

Modalités des pratiques de co-création: l'oralité (séminaire)

Ce séminaire organisé par Marie Preston et Céline Poulin, avec la participation de Stéphanie Airaud, fait suite à celui qui a eu lieu l'an passé à la Villa Vassilieff. Ce semestre, et en perspective des deux journées d'étude qui auront lieu le 21 janvier au MAC VAL et le 4 février au CAC Brétigny, nous nous arrêterons en particulier sur les pratiques collaboratives ou de co-creation qui usent de la forme dialogique, et ceci alternativement dans sa dimension performative et comme chemin vers la coopération et la création de relations intersubjectives.

Le dialogue (engendré ou non pas une activité) est envisagé comme initiateur à la relation et à l’élaboration d’une esquisse de trajet commun en étant soigneusement considéré et conceptualisé, le langage vocalisé étant alors d’abord employé pour son caractère communicationnel. En dehors de la relation émetteur/récepteur, nous nous attacherons également à penser la manière dont chaque individu à la rencontre de l’Autre voit résonner en lui les voix multiples qui l’habitent. La création coopérative rend sensible cet état où chacun tente de jongler habilement avec cette multitude intérieure. Mais le langage n’est pas non plus garant d’une communication infaillible. Les artistes, les collectifs, les personnes engagées dans ces processus savent que les lieux où l’on s’arrête, nous conduisent à des rencontres inédites, où la langue, comme les gestes, doivent s’inventer. Enfin, et puisqu’il est question d’art comme expérience, nous nous intéresserons à la manière dont le récit transmis oralement continue de présenter une alternative à l’information médiatique. Ceci dans la continuité de l’analyse que fit Walter Benjamin dans son texte Le Narrateur.

 

Ressources

  • Vocales 04.02—23.04.17 (Exposition)