Les conjugueuls #1
Tout est dans le panache

14.10—22.10.23

  • U+00E2-000

    Lettre min. latine a accent circonflexe

  • Boulangerie Pâtisserie

    Enseigne

  • s.n.

    Adhésif, 13 × 12 cm

  • Sainte-Geneviève-des-Bois

    s.d.

«Les conjugueuls»
Cycles d’expositions et de résidences
Commissaire: Valentina Ulisse

«Tout est dans le panache»
Installation d’Héloïse Farago au Salon d’art de Marolles-en-Hurepoix
14.10—22.10.23

Le cycle d’expositions et de résidences artistiques «Les conjugueuls» se déroule comme un récit aux chronologies désarticulées, entre science-fiction, fantasy et réalisme magique. Ici, le passé est raconté différemment—faisant intervenir la fiction là où le réel fait défaut—, le présent s’ouvre sur d’infinis univers parallèles et l’avenir est fait de résurgences et de nouveaux débuts.

Pour le premier chapitre de cette histoire, l’artiste Héloïse Farago invite les visiteur·euses à partir en voyage dans un monde fabuleux avec son film Love Story. Celui-ci commence avec un livre qui s’ouvre, à l’instar des long-métrages Disney. Ici aussi il y un château et une forêt enchantée, mais, dans cette nouvelle histoire d’amour, aucune trace du prince charmant. La fable narre une quête inédite: la lutte contre le «patriarcat», un système social qui se fonde sur la différenciation entre le masculin et le féminin justifiant la domination des hommes et l'oppression des femmes et des minorités. Un autre royaume est ici exploré, où l'on peut vivre heureux·se en étant soi-même. L’artiste y apparaît sous les traits de la conteuse d’histoires TroubaDURE et les figures rencontrées dans son épopée sont jouées par son entourage.

Pour ce film doux et drolatique, Héloïse Farago s’inspire du «Voyage sans fin» [1985] de Monique Wittig, réécriture lesbienne et féministe  de «Don Quichotte» [1605-1615], le célèbre roman de Miguel de Cervantès.  Dans le récit de Wittig, la Quichotte, chevalière errante, lutte contre des moulins-patriarcats et part avec Panza, sa fidèle écuyère, à la recherche de son amoureuse et d’un monde meilleur. «Tout est dans le panache», écrit Wittig en se référant au caractère fière et burlesque de ses paladines. On retrouve cette allure joyeuse et militante dans les personnages qu’Héloïse Farago met en scène à travers la vidéo. Leurs costumes s’inspirent tant des contes enfantins que des Drag Shows. Pour détrôner les codes imposés par notre société et déjouer les catégories liées au genre​, l’artiste a recours à l’esthétique «camp»—un style anti-sérieux et théâtral marqué par l’exagération et l’humour espiègle.

Les personnages du film reviennent dans ses dessins et ses peintures qui ornent dentelles en papier pour gâteaux, céramiques, boules et cœurs de décoration en plastique. Pirates, dames et chevalières côtoient chimères, créatures magiques et icônes d’enfance comme la rebelle Fifi Brindacier. Les histoires de ces héroïnes—qui ont réellement existées ou sont issues de romans et d’œuvres d’art—se lisent sur les murs de cette installation que l’artiste recouvre d’un tissu bavarois, à la façon d’une nappe de cuisine ou d’un papier peint. Cet environnement domestique accueille et berce son «utopie loufoque» mi réelle mi inventée: un récit nouveau destiné à toutes les générations.

Après une formation en histoire de l’art à l’Université de Rome La Sapienza et à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Valentina Ulisse intègre le Master 2 professionnel «L’art contemporain et son exposition» à Sorbonne Université et co-fonde le collectif curatorial espace projectif. Parallèlement à ses études, elle se forme aux métiers de l’exposition grâce à des stages au Centre Pompidou, au CAC Brétigny et à Council, entre autres. Aujourd’hui, Valentina Ulisse poursuit ses réflexions à travers ses diverses activités dans l’organisation de projets artistiques, dans l’écriture et dans la médiation. Elle assiste la galeriste Aline Vidal avec qui elle organise «De(s)rives», projet curatorial qui expérimente avec le format d’exposition en dehors des contextes artistiques traditionnels. Valentina Ulisse s’intéresse aux économies de l’art, aux systèmes alternatifs de production et de diffusion et aux pratiques artistiques co-créatives en lien avec la pédagogie et les savoirs populaires.

Héloïse Farago (née en 1997) vit et travaille entre Paris et la Normandie. Diplômée en 2023 de la Villa Arson à Nice, elle utilise différents médiums (dessin, performance, vidéo, céramique, etc) pour déhiérarchiser les pratiques et mettre en scène des destins de femmes du Moyen Âge trop souvent oubliées. Son travail est notamment présenté à L’Annexe à Paris et à IVECO NU à Noisy-le-Sec en 2022 et à La Tôlerie à Clermont-Ferrand en 2023.