JUMP

19.11.16—22.01.17

  • U+0041-000

    Lettre maj. latine A

  • Retouche Les 3 ‶A″

    Enseigne

  • s.n. [Retouche les 3 A]

    Dibon bleu, 30 × 20 cm

  • 26 bd Rép., Brétigny

    s.d.

Dispositif d’exposition: Jean-Pascal Flavien
Commissaire: Céline Poulin

Avec
Julie Béna
Jean-Luc Blanc
Aleksandra Domanović
Zackary Drucker
Jean-Pascal Flavien
Christophe Lemaitre
Géraldine Longueville
Teresa Margolles
Fabio Morais
Christodoulos Panayiotou
Sean Raspet
Dennis Rudolph
The Big Conversation Space
et une invitation spéciale à la commissaire Agnès Violeau

 

Le saut (JUMP) est le passage d’un plan à l’autre, d’une subjectivité à l’autre, de l’objet vers son usage possible (ou non). JUMP, dispositif spatial conçu par l’artiste Jean-Pascal Flavien, relie deux faces d’une entité—les locaux du centre d’art et son espace numérique, leur propose une traduction réciproque et incertaine. Il y a autant de types de sauts qu’il y a de combinaisons d’éléments possibles.

Les œuvres des artistes invités à habiter le dispositif jouent de l’ambiguïté de leur statut: objets de liens ou de conflits, artefacts intimes ou utilitaires, formes ambivalentes ou passages entre différentes réalités. JUMP expérimente la manière dont les œuvres fonctionnent, travaillent au quotidien, cherchent une redéfinition des catégories et usages traditionnels, brouillent radicalement ou subrepticement le (bon) sens. Mutant pendant toute la durée de l’exposition, JUMP réfléchit l’usage de l’espace et met en perspective l’identité mouvante du lieu.

Comme l’écrit Jean-Pascal Flavien dans le statement qui a produit le dispositif:

«Ce qui est important [...] ce sont les passages d’un espace à l’autre espace / Ces passages (jumps) sont des translations, des traductions, des déplacements / Les passages sont sémantiques et formels. Ici c’est parfois la même chose / Il y a toujours des pertes, formelles et sémantiques lors de ce passage (information perdue) / Loi: plus la traduction ou translation est mauvaise (plus de perte d’information), plus le passage est sensible, et le nouvel espace apparaît tel qu’il est.»

Les surfaces se renvoient les unes les autres, les mondes coexistent. L’objectif des caméras projette des formes colorées au sol. Les œuvres s’y installent et y évoluent si elles le souhaitent. La fenêtre rose de Christodoulos Panayiotou et le sol de Teresa Margolles [1] indiquent ce temps qui passe inexorablement ou se rompt parfois brutalement. Un temps soumis à variations et dont, à chaque instant nous devons apprendre à vérifier l’impact, comme nous le rappelle Christophe Lemaitre avec un nouvel élément de sa collection des objets que l’on utilise sans les toucher. Le fil se déroule et nous mène toujours vers de nouvelles histoires et de nouvelles questions identitaires. Le visage de Zackary Drucker nous interpelle d’un Welcome. Il importe que chacun prenne sa place, mis en bouche par les élixirs de Géraldine Longueville, qui ne sont autres que des guides en forme de fluides. Pendant ce temps, des corps à la vie incertaine évolueront dans l’espace, pantins des histoires de Julie Béna ou de Fabio Morais. Peut-être s’agit-il des peintures aux visages sans cesse changeants de Jean-Luc Blanc, leur muabilité renvoyant à l’impermanence du soi. «C’est seulement là, dans cet état non intégré de la personnalité, que peut apparaître ce que nous entendons par créatif», nous dit Donald W. Winnicott. Mais pour cela, il est besoin «d’un fonctionnement informe et décousu ou peut-être d’un jeu rudimentaire qui interviendrait dans une zone neutre». La zone est-elle ici neutre ou extrêmement balisée? Quelle glose et quels malentendus nous imprègnent? se demande Agnès Violeau. The Big Conversation Space invite qui le désire à discourir sur le pouvoir, la peur et l’information avec ses opératrices, sur place ou sur le net. Car c’est toujours le langage qui forme la structure dans laquelle nous nous déplaçons. La machinerie dont nous sommes partie prenante produit son propre vocabulaire. D’aucuns choisissent d’en suivre les règles, de les sublimer jusqu’à l’absurde, comme les fascinantes formes glaciales de Sean Raspet ou les délires télévisuels de Dennis Rudolph. Avec Aleksandra Domanović, la beauté et le politique s’entrechoquent, renvoyant à la place de l’homme et de l’artiste qui décrivent au monde son propre visage. «Si cette créativité est réfléchie en miroir, mais seulement si elle est réfléchie, […] la créativité permet à l’individu d’être et d’être trouvé.» [2]

Céline Poulin

Notes

[1] Œuvres pérennes du CAC Brétigny, fruits du Projet Phalanstère. Mené de 2003 à 2014 par Pierre Bal-Blanc au CAC Brétigny, ce projet visait à la réalisation par des artistes d’œuvres in situ destinées à augmenter et enrichir l’architecture du centre d’art et répondre aux besoins des usagers. Un catalogue du projet est à paraître aux éditions Work Method.

 

[2] Donald W. Winnicott, Jeu et réalité. L’espace potentiel, trad. Claude Monod et J.-B. Pontalis, Paris, Gallimard, 1975, p.90.

 

 

 

Documents

Agenda

  • Dimanche 22 janvier 2017, 15h

    Ouverture exceptionnelle

    Visite-atelier de l'exposition «JUMP»

    Pour le dernier dimanche de l'exposition, le CAC Brétigny ouvre exceptionnellement ses portes et propose une visite-atelier familiale à l'issue de laquelle sera offerte un goûter. 

  • Samedi 19 novembre 2016, 17h–21h

    JUMP

    Vernissage et inauguration officielle du nouveau projet