Ainsi font, font, font
07.06—19.07.25
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U+25CF-000
Cercle noir
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Jeu modulaire
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Bruno Munari
Plastique, 17 × 17 cm
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ABC con fantasia
1960
«Bascules»
Saison hors les murs 2024—2025
Commissariat: Équipe du CAC Brétigny (Zélia Bajaj, Milène Denécheau, Léana Doualot, Esther Gobin-Brassart, Elisa Klein, Danaé Leroy, Coraline Perrin, Marie Plagnol, Ekaterina Tsyrlina)
«Ainsi font, font, font»
Avec Ariadna Guiteras, Camille Juthier, Louise Perrussel, Chloé Serre et Marine Zonca
La Ferme, Marolles-en-Hurepoix
07.06—19.07.25
Du mardi au vendredi de 14h à 18h et les samedis de 10h à 13h et de 14h à 18h
Sur un air entraînant, le titre «Ainsi font, font, font» introduit l’exposition en nous rappelant une mélodie enfantine. En fredonnant ce vers, nous affirmons la place du faire, du collectif et des gestes partagés, qui font de l’enfance un espace de pratiques libres à réinvestir à tout âge.
Les œuvres sensorielles et interactives d’Ariadna Guiteras, Camille Juthier, Louise Perrussel, Chloé Serre et Marine Zonca partagent avec le mobilier pour enfant une appétence pour l’expérimentation, dont découle des propositions d’expérience. «Loin de la miniaturisation du mobilier pour adulte, le mobilier pour enfant permet d’échapper à la standardisation du design industriel qui se diffuse au début du XXe siècle, déployant un espace d’invention formelle[1]». À leur tour, les artistes font de leurs œuvres des supports pour une diversité d’activités, faisant appel au jeu, à la créativité ou encore au prélassement.
L’exposition s’inspire librement de l’aménagement des aires de jeux, parenthèse dans un monde où les lieux publics sont majoritairement conçus pour des adultes et des usages jugés matures. Les sculptures de Louise Perrussel invitent au contraire petit·es et grand·es à s’en donner à cœur joie. Leurs formes évoquent celles des bouliers, agrandis à l’échelle d’un mobilier urbain pour inviter chacun·e à jouer le long des courbes, en déplaçant les billes colorées qui les ponctuent. L’usage spontané des œuvres installées en extérieur se prolonge dans l’espace d’exposition, où enfants comme adultes peuvent explorer librement leur matérialité.
Se mettre à hauteur d’enfants, c’est aussi concevoir avec elles·eux des espaces adaptés à leurs besoins, tailles ou encore manières d’interagir. Ce faisant, on perturbe une organisation sociale basée sur la domination des adultes, qui s’incarne notamment dans la conception des espaces par et pour des corps qui répondent aux normes sociétales (de poids, taille, motricité, etc.) et sont perçus comme valides. L’installation d’Ariadna Guiteras, inspirée des jeux de construction et des cabanes de draps, est ainsi à la taille des enfants qui la construisent avec elle. Les adultes sont les bienvenu·es dans cette structure mais c’est à elles·eux de se contorsionner pour y accéder. Dans cette exposition, chacun·e est libre d’adapter l’espace, de le moduler, de l’aménager, pour le rendre plus confortable et y faire ce qui lui chante.
Comme l’écrit l’artiste, écrivaine et conceptrice de jeu Mary Flanagan, «les jeux sont des petits mondes profonds d’expérience humaine [qui] ont le potentiel d’éveiller en nous une compréhension du monde qui nous entoure[2]». Ils sont autant de terrains d'expérimentation, où les éléments mis à disposition, les contraintes qu’ils induisent ou les règles proposées encouragent différents modes de relation à ce qui nous entoure. Les objets fabriqués par Chloé Serre rappellent des obstacles de mini-golf ou de croquet, mais ici rien n’est figé: on les expérimente seul·e ou à plusieurs en composant son parcours entre les œuvres et en inventant ses propres règles. Ces dernières peuvent être consignées dans un répertoire, destiné à recueillir les savoirs empiriques générés par cette expérience ludique.
C’est aussi son caractère ouvert et non conclusif qui fait du jeu une activité propice à un apprentissage ancré dans l’expérience et faisant appel aux imaginaires propres à chacun·e. L’installation de Marine Zonca dessine un espace où s’installer pour rassembler ses pensées. Elle y intègre des procédés mnémotechniques, explorant une méthode de mémorisation non conventionnelle où l’acquisition des connaissances passe par la rencontre tangible avec des objets, images ou matières et l’association d’idées.
Cette exposition cherche en somme à ouvrir la voie à des usages considérés comme non productifs, en plaçant au centre le loisir, le partage et la découverte. Les œuvres de Camille Juthier proposent ainsi de ralentir le rythme pour se mettre à l’écoute, de sons ou de nos sensations. Elle fusionne un lit, espace d’invention dans l’enfance et de refuge à tout âge, à une étagère pour créer un mobilier hybride qu’il appartient à chaque visiteur·euse d’investir à sa manière. Dans un environnement moelleux propice à la détente, l’artiste met à disposition des objets sensoriels. Sources de réconfort, ces petits objets aux différents poids, textures et prises en main peuvent selon les besoins calmer l’anxiété ou stimuler l’imaginaire des usager·ères.
Pour poursuivre l’expérience, la scénographie de l’exposition inclut un espace dédié à l’activité libre, avec du mobilier et une multitude d’outils, de matériaux et de livres pour (re)découvrir, inventer et fabriquer. «Ainsi font, font, font»: c’est ainsi que se conclut le cycle «Bascules». «Trois petits tours et puis s’en vont», les derniers mots de la comptine sont un clin d’œil aux trois expositions collectives de la saison, marquées par l’expérience du commissariat collectif de l’équipe du centre d’art.
[1] Marie-Ange Brayer et Céline Saraiva (dir.), L’enfance du design : un siècle de mobilier pour enfant, Paris, Centre Pompidou, 2024, p.55.
[2] Mary Flanagan, Mapscotch (Mappemarelle), Organon 3, Publishing House for Handbooks, 2021, p.10.
Ariadna Guiteras (née en 1986) s'intéresse aux corps et aux relations qui les façonnent. Après avoir développé une pratique de la performance, elle expérimente aujourd’hui d’autres médiums comme la céramique et le textile. Son travail récent approfondit, par le biais des temporalités lentes et des processus collaboratifs, des concepts comme la dissolution de la distinction binaire enfant-adulte et la théorie médiévale du «corps poreux». Elle a été artiste en résidence au Hangar à Barcelone en 2015 et à Gasworks à Londres en 2019, et son travail a été exposé dans des lieux tels que CentroCentro à Madrid en 2018, la Fundació Miró à Barcelone en 2019 et The Bower à Londres en 2019.
Camille Juthier (née en 1990) vit et travaille entre Aubervilliers et Clermont-Ferrand, où elle enseigne à l’École supérieure d’art de Clermont Métropole. Diplômée de l’École des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, elle pratique la sculpture, l’installation sensorielle, la vidéo, le texte et la performance. Sa pratique traverse les champs de l’artisanat et du design, afin de produire des formes supports d’histoires alternatives. En 2023, elle est lauréate du programme FoRTE avec Glassbox Paris, où elle bénéficie d’une résidence et d’une exposition personnelle. En 2024, elle remporte le prix Art ensemble de la fondation Gulbenkian et du CENTQUATRE-PARIS, et bénéficie du soutien de Mécènes du Sud. Elle a exposé entre autres au 64e Salon de Montrouge en 2019, au Centre Pompidou à Paris en 2023 et au Frac Île-de-France en 2024.
Louise Perrussel (née en 1998) vit et travaille à Nantes. Elle est diplômée de l'École européenne supérieure d'art de Bretagne en 2021 et de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire en 2023. Elle explore les porosités entre l’inerte et le vivant, entre les objets, les choses et la sculpture. Sa pratique tend à réévaluer les liens entre nos corps et les objets communs et discrets du quotidien. En 2023, son travail a fait l’objet d’une acquisition par l'artothèque de Nantes Art Delivery. En 2024, elle a notamment exposé au parc de la Gaudinière à Nantes et participé à la 6e édition de 100% L’EXPO à La Villette à Paris.
Chloé Serre (née en 1986) vit et travaille à Saint-Etienne. Diplômée de l’École supérieure d’art et design de Saint-Etienne, elle enrichit sa pratique de collaborations régulières avec des artistes issu·es du spectacle vivant, mais aussi de ses nombreuses rencontres et co-création avec divers publics. Au travers de sculptures activées lors de performances, elle s’intéresse aux règles qui sous-tendent les interactions humaines. Elle a participé à la 64e édition du Salon de Montrouge en 2019, à la 19e édition du festival Hors Pistes au Centre Pompidou et à plusieurs expositions personnelles et collectives, notamment au macLYON en 2021 et au Creux de L'Enfer à Thiers en 2022.
Marine Zonca (née en 1993) vit et travaille à Paris. Elle est diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Sa pratique réunit la sculpture, le dessin et le dessin animé, ainsi que des techniques historiquement situées comme la fresco pour produire des anachronismes. Elle mène des recherches à l’École des hautes études en sciences sociales autour de pratiques mnémotechniques au XIXème siècle. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions, notamment à KOMMET à Lyon en 2020, à DOC! à Paris en 2020, à La Serre à Saint-Etienne en 2022 et à La Tôlerie à Clermont-Ferrand en 2023.
Documents
- Bascules—Dossier pédagogique (pdf)
- Bascules—Livret FALC (pdf)
Agenda
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Samedi 7 juin 2025, 14h-18h
Ainsi font, font, font
Vernissage
Programmation festive dans le cadre du vernissage de la dernière exposition de la saison «Bascules»: un atelier d'éveil artistique avec Camille Juthier, une installation sonore de Margot Bernard, un atelier performé avec Marine Zonca et une série d'affiches de Coline Sunier & Charles Mazé.
Navette gratuite Paris/Marolles: départ à 14h15 du 104 avenue de France, 75013 Paris (métro Bibliothèque François Mitterrand). Réservation indispensable: reservation@cacbretigny.com.Entrée libre. La Ferme de Marolles-en-Hurepoix.
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Du samedi 7 juin au samedi 19 juillet 2025
Ainsi font, font, font
Exposition
Dans cette dernière exposition de la saison «Bascules», les artistes Ariadna Guiteras, Camille Juthier, Louise Perrussel, Chloé Serre et Marine Zonca s’emparent des possibilités ludiques et pédagogiques ouvertes par le design pour les enfants. Elles proposent aux visiteur·euses de tous âges d’interagir avec leurs œuvres, pour continuer d’apprendre en jouant et en faisant. L’espace d’exposition est ainsi rythmé de plusieurs propositions d’activités, allant du jeu au repos et favorisant l’expérience et la créativité des participant·es.
Entrée libre. Du mardi au vendredi de 14h à 18h et les samedis de 10h à 13h et de 14h à 18h. La Ferme de Marolles-en-Hurepoix.
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Mercredis 18 juin et 9 juillet 2025, 16h-17h30
Heure du conte et visite-atelier
Atelier de pratique artistique et lecture, en collaboration avec la médiathèque Jean Farges
Pour poursuivre la visite de l’exposition «Ainsi font, font, font» proposée par le centre d’art à La Ferme de Marolles-en-Hurepoix, peti·tes et grand·es prennent part à un atelier de pratique artistique et à une lecture de livres de jeunesse à la médiathèque Jean Farges.
De 3 à 99 ans. Gratuit sur réservation auprès de l'équipe de la médiathèque Jean Farges: +33 (01) 85 46 00 96.